A marche forcée

Publié le par latoilettedete

Il y a quelques temps j'étais en plein trip historique, spécialité années 1940-1945. Après avoir lu le magnifique HHhH de Laurent Binet - à lire absolument en passant - Fatherland, de Robert Harris et Uranus de Marcel Aymé (un trip je vous dit et éclectique en plus !!) je suis tombée sur le film Les chemins de la liberté de Peter Weir.

Plusieurs raisons devaient me faire aimer ce film. Peter Weir déjà, réalisateur que j'aime beaucoup, que l'on voit peu mais qui me touche à chacun de ses films (Le Cercle des poètes disparus, The Truman show, Master & Commander pour ne citer que ces trois là, les plus connus!) ; les acteurs (Colin Farrell et Ed Harris tout de même) et le sujet. Le film est basé sur le livre, supposément autobiographique de Slawomir Rawicz, A marche forcée.

 

 

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Affiche du film de Peter Weir, Les chemins de la liberté

 

Slawomir Rawicz, polonais né en 1915, est officier de cavalerie pendant la Seconde guerre mondiale. En 1939, il est capturé par les Russes et, après diverses tortures et pseudos procès, est envoyé au goulag en Sibérie. Selon lui, après quelques mois passés au camp 303, il décide de s'évader accompagné d'un groupe de détenus dont Mr Smith, un américain. Leur périple est long de 7000 km, de la Sibérie à l'Inde. 7000 km à pied, dans le froid sibérien, les dangers des berges du lac Baïkal, la chaleur du désert de Gobi, et l'Himalaya...

Le film suit assez bien l'aventure du groupe d'évadés, en ajoutant quelques effets Hollywoodiens - le personnage de Colin Farrell par exemple - on traverse les paysages époustouflants que Slawomir Rawicz décrit dans son ouvrage, et la fuite incroyable de ses hommes qui ont pourtant déjà beaucoup perdus. Les acteurs sont magiques, notamment Ed Harris (mais je ne suis pas objective concernant Ed Harris...) et la mise en scène simple et efficace, le tout filmé avec la délicatesse de Peter Weir.

Mais je voulais vous parler du livre... 

 

 

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A marche forcée de Slawomir Rawicz paru chez Phébus

 

Quand il est paru, le livre a fait scandale. Les incohérences, la marche assez folle, les épreuves quasi-insurmontables, ont fait douter beaucoup de la sincérité de l'auteur. Traverser le désert de Gobi dans lequel le groupe aurait passé 12 jours sans boire, gravir l'Himalaya sans équipements... N'en a-t-il pas rajouté ? Est-ce vraiment arrivé ? S'est-il vraiment évadé du goulag sibérien pour arriver en Inde ? Slawomir Rawicz n'a jamais souhaité répondre à ses attaques, ni fournir des preuves de la véracité de son récit. Décédé en 2004, et bien que Sylvain Tesson, lui aussi écrivain-aventurier, ait démontré que le voyage était faisable, on ne saura jamais si cette histoire s'est déroulée comme Rawizc l'a décrit.

Mais finalement est-ce bien important ? Certes, pour des raisons de véracité historique on peut penser qu'il faut savoir absolument mais en réalité, lorsqu'on lit ce parcours incroyable, impensable même, on est totalement subjugué par le courage et la force de ces hommes, les rencontres qu'ils font et la volonté inébranlable de ce groupe soudé. L'écriture est dénuée de sentimentalisme. Il n'est pas question de s'appitoyer ni de se demander pourquoi ils font tout ça et s'ils en sont capables, il s'agit juste de continuer pour échapper à l'horreur connue...

 

Je vous conseille vivement ce "roman", il vous transportera dans une aventure humaine magnifique et le film, aussi, est à voir !

 

Publié dans Les pages tournent

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