Cesare deve morire
C'est le genre de film dont on entend parler lors de la remise des prix. Les critiques sont excellentes, les réalisteurs fabuleux, le thème impressionnant... Et puis le temps passe, le film n'est pas forcément projeté dans la ville où l'on habite, bref, on le rate !
Et quel dommage cela aurait été pour ce film des frères Taviani, César doit mourir !
Vittorio et Paolo Taviani, respectivement 80 et 83 ans, sont des réalisteurs italiens, très connus dans les années 1980, notamment pour Padre padrone (Palme d'or au festival de Cannes en 1977) et La Nuit de San Lorenzo (Grand prix du jury en 1982).
En 2012, leur dernier film, César doit mourir, a reçu, quant à lui l'Ours d'or à la berlinale.
Ce film est à classer parmi les films les plus réussi, les plus beaux et les mieux réalisés que j'ai pu voir ces dernières années.
L'action se déroule au coeur de la prison de haute sécurité de Rebibbia à Rome. Les prisonniers sont réunis car la prison organise, comme tous les ans, un atelier théàtre, mené par Fabio Cavalli, fameux metteur en scène italien. Le texte retenu pour la représentation : Jules César de William Shakespeare.
La pièce de Shakespeare narre l'histoire de l'assassinat de Jules César par les conspirationistes menés par Brutus, Cassius et Décius.
Dans le film des frères Taviani, on assiste aux auditions, aux répétitions et, pour finir, à la représentation - unique - devant les proches et la famille.
Les acteurs, réellement prisonniers, sont enfermés pour des peines lourdes, de 10 ans à la perpétuité, et pour des crimes allant du trafic de stupéfiants à l'homicide en passant par l'association de malfaiteurs. Et dans ces conditions, la pièce de Shakespeare et le drame fatal qui s'y prépare, ont des échos d'une magnifique justesse. Les prisonniers/acteurs sont également les personnages de la pièce. Et c'est toute la prison qui participe et qui entre peu à peu dans la mise en scène, ainsi la répétition du meurtre de César et de l'homélie que lui réserve Marc-Antoine. Le prisonnier se tient debout, au milieu de la cour de la prison et ses congénères, derrière leurs barreaux, l'acclament, l'interpellent, tandis que les gardiens souhaitent surtout, avant de raccompagner Brutus, César et les autres dans leur cellule, connaître la suite.
Cette scène résume parfaitement l'ambiance de ce film où tout se mélange, la fiction, le documentaire, le théâtre...
Le spectateur assiste à la mise en scène de cette pièce, au texte magnifique, et ne peut s'empêcher de voir la concordance avec la vie de ces prisonniers. Notamment car ils jouent des personnages se battant pour la liberté face à César, trahissant peu à peu la démocratie romaine.
Et depuis leur cellule, cette liberté a beaucoup d'importance...